art et drogues
cet article n’a pas vocation à décourager ni à encourager la consommation, le commerce et la fabrication de drogues.
le bog
1/21/20256 min temps de lecture
Il parait que les drogues sont très répandues dans les milieux artistiques et que les artistes sont des fidèles consommateurs de drogues. S’il y a d’ailleurs un milieu où l’on ne tire pas sur les consommateurs de drogues c’est bien celui des artistes. C’est limite parfois une partie intégrante de l’aura artistique. C’est vraisemblablement le cas.
Mais, les artistes, dépasse-t-on ne serait-ce que 1% de la conso mondiale ?
Voici un nano résumé du dernier World Drug Report de l’UNODC (l'intégralité ici ) :
- La consommation de drogues a augmenté de +20% en 10 ans.
- +220 millions de consommateurs de cannabis, +60 millions pour les opioïdes, +30 millions pour les amphétamines, + 20 millions pour la cocaïne, +20 millions pour l’ecstasy
- seule une femme sur 18 souffrant de troubles liés à la consommation de drogues bénéficie d’un traitement, contre un homme sur 7.
- +60 millions de personnes dans le monde souffrent de troubles liés à la consommation de drogues, seule une sur 11 bénéficie d’un traitement
- en 2022, la production de cocaïne a atteint un nouveau record avec 2 757 tonnes, soit une augmentation de 20 % par rapport à 2021. La culture mondiale de cocaïer a quant à elle augmenté de 12 % entre 2021 et 2022, pour atteindre 355 000 hectares.
- la contraction spectaculaire du marché afghan : après la baisse drastique de la production d'opium en Afghanistan en 2023 (de 95 % par rapport à 2022) et une augmentation de la production au Myanmar (de 36 %), la production mondiale d'opium a chuté de 74 % en 2023.
- en janvier 2024, le Canada, l’Uruguay et 27 juridictions des États-Unis avaient légalisé la production et la vente de cannabis à des fins non médicales, tandis qu’une variété d’approches législatives ont émergé ailleurs dans le monde
- Les nitazènes (infos ici sur le site de l'ANSM) – un groupe d’opioïdes synthétiques qui peuvent être encore plus puissants que le fentanyl – sont récemment apparus dans plusieurs pays à revenu élevé, entraînant une augmentation des décès par overdose.
Evidemment, ces chiffres concernant les consommateurs réguliers et addicts. Ces chiffres, qui evidemment concernent les consommateurs réguliers et addicts, sont alarmants pour certains, insuffisantes pour d’autres, appellent à l’action (permissive dans certains Etas Américains, répréhensive ailleurs), certains sont félicités, d’autres sont punis parce qu’ils perdent un marché lucratif.
Faudrait-il désinhiber alors le rapport à la consommation de drogues afin de voir les choses objectivement ? Ce rapport, chacun a le sien, et il est souvent fonction de son histoire personnelle de rapport aux drogues.
Par exemple, moi, pourquoi je n’en consomme pas ?
Rien à voir avec mon éducation, des croyances, la peur de l’interdit, rien à voir avec un quelconque esprit conservateur ou une quelconque peur de drogues.
C’est juste une question de principe :
La production, le traffic et la consommation de drogues continuent d’exacerber les inégalités, l’instabilité, tout en causant des dommages incalculables à la santé, à la sécurité et surtout au bien-être des populations.
Les réseaux de drogues sont la plupart du temps liés à l’exploitation de la main d’œuvre, à la corruption, aux trafics d’êtres humains, d’organes, aux trafics d’armes. Leurs activités illicites contribuent également à la dégradation de l’environnement (déforestation, déversement de déchets toxiques, contamination chimique).
Les trafiquants de drogue ont des activités diversifiées, dans d’autres économies illégales, dont aussi le trafic d’espèces sauvages, la fraude financière et l’extraction illégale de ressources. Parfois des communautés entières sont déplacées, pauvres et migrantes subissent les conséquences de l’instabilité, parfois ces populations sont contraintes de se tourner vers la culture des drogues ou l’extraction illégale de ressources pour survivre, de s’endetter auprès de groupes criminels ou de consommer elles-mêmes de la drogue.
Je n’ai pas vocation à les combattre, chacun fait ce qu’il veut. Il s’agit parfois du seul moyen de survie pour certains. Mais il se trouve que je n’ai pas envie de faire partie de la chaine en tant que consommateur, et parfois je prends le temps de l’expliquer à tous ceux autour de moi qui en prennent, achetent ou m’en proposent.


“ bananas short ” arrêt sur image, le bog, 2016 .
Mais bien sûr, j’ai essayé, car je suis curieux de nature et j’apprécie toute sortes d’expériences.
- j’ai lu, en prépa, Roman avec Cocaïne de M. Aguéev, offert par un ami. Lien ici.
- j’ai testé la première fois de la cocaïne au lycée, emmenée pour mon anniv par un cher ami chez un autre cher ami chez qui je fêtais mon anniv, et où un autre cher ami voyant mes yeux suite à la prise de cocaïne m’aura fichu une baffe dont je m’en souviendrai toujours.
- j’ai accueilli chez moi un ami étudiant qui a dealé et transformé des drogues qu’il lui fallait écouler pour payer ses dettes afin de pouvoir rentrer dans son pays d’origine.
- j’ai connu des gens qui en produisaient la matière première, ou qui en fabriquaient et j’ai vu des plantations et des petits labos.
- j’ai photographié des saisies de drogues par des forces de l’ordre dans des zones de traffic intense, j’ai rencontré des officiers d’Interpol investis dans le démantèlement des réseaux internationaux, et,
- j’ai aussi passé, jeune, un weekend dans une maison de parents d’amis en banlieue parisienne où sous l’immense table d’un des salons attendaient sagement des dizaines de kilos de gros sachets de cocaïne empilés (tout jeune chez ma grand-mère paternelle, pharmacienne, j’avais déjà vu des drogues cristallisés dans ses armoires) .
- j’ai déjà nettoyé mes objectifs photo de la poudre cumulée dans les loges / backstages de concerts rock en Angleterre et dans les Camden Studios,
- je me suis fait jeter de boite de nuit, non pas pour avoir pris en photo les Bogdanov en train de sniffer mais parce que je les avais prises alors qu'ils étaient en train d’en faire prendre à leur jeunes escortes qui avaient l’air mineures, et enfin,
- j’ai pu négocier avec des dealers de me laisser, déjà, avec tous mes dents et avec les photos que j’avais prises d’eux en train de dealer dans leur cité parce qu’elle étaient canons (en revanche, la RATP m’a poursuivi pour un shooting non autorisé sur les quai d’un métro dans le 20ième, la SNCF aussi pour avoir shooté un modèle sur les marches de la Gare de Lyon, et j’ai eu droit à des descentes de gendarmes et de policiers sur-armés et fouille complète lors d’un shooting semi-nocturne avec un beau coucher de soleil sur la raffinerie TOTAL de Grandpuits .)
Les occasions d'en consommer ne manquent pas, quelque soit le type de drogues, quelque soit le milieu social et professionnel.
Mais me concernant, la drogue est hors zone fantasme / névrose. Je me sens suffisamment libre pour n’en ressentir jamais le besoin. Les psychotropes « doux », café, thé, tabac, me suffisent. J’ai un rapport totalement désinhibé aux drogues, certains vont dire éduqué, du coup mes principes prennent aisément le dessus.
Certains, nous sommes "drogués" par nous mêmes via nos variations de taux adrénaline, quelques pensées incontrôlables, idées, rêves, sauts d’humeur, fétichismes. Les varions de taux d’hormones, nous excitent suffisamment pour ne jamais ressentir le besoin peut-être. Que sais-je ? De mon côté, la photo est une drogue tellement puissante qu’elle ne laisse pas place à une autre addiction.
Et, je pense partager cette qualité avec d’autres, artistes ou pas qui sont désinhibés de nature. Je comprends que certains ont besoin d’un coup de « boost » parfois, en société, pour monter sur scène, en public, surtout quand les enjeux sont grands, et certains s’y reconnaitront.
Je pense, à tort peut-être, qu’en tant qu’artistes l’on consomme souvent des drogues parce qu’on est obsédés par l’idée de mieux faire sous leur emprise et de passer devant les autres grâce à ça. Ou par opposition, le gros fuck qui ne nécessite pas d’explication. Ou pour nourrir une nature mélancolique ou poétique. Ou encore pour nourrir son image, opération marketing plus ou moins volontaire.
Ou bien parce qu’on est coincées entre le monde pur des enfants et celui des adultes, en quelque sorte entre la pureté et le péché.
Quand on arrive à garder son âme d’enfant, la consommation n’est plus nécessaire et ce n’est qu’une délectation passagère au grès de nos envies.
Or n’oublions pas qu’une âme d’enfant ne nous empêche pas d’être inspirés, violents, pertinents et puissants dans nos créations artistiques. L’âme de l’enfant est plus libre, plus belle, plus directe, plus vraie et plus sauvage.


“ bAnAnAdAnce ” , le bog, 2012 .
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