FAQ

Quel est ton domaine de prédilection ou style de photographie que tu aimes ou fais le plus ?

Si vous demandez à un chirurgien du coeur d'assurer une opération du foie, il saura certainement s'y prendre, si vous demandez au Pape de discuter du Coran il saura certainement en discuter. En soi, tout chirurgien aime opérer, et tout pape aime un dieu et vit pour un dieu.

Je suis un chirurgien de l'espace et du temps, je choisis un instant du temps dont je subis les effets et une portion physique de l'espace qui m'entoure. Je découpe l'espace, je découpe le temps. Et, dans mon acte photographique je me sent proche du divin, je traite du mystère en donnant la preuve visible de l'existence. Je vais au delà de ce que je vois en donnant à voir à mon tour, selon mes capacités cognitives, émotives, objectives, intellectuelles. Dans mon acte je suis libre dans la pensée et les interprétations, je suis libre tout au long processus. J'ai la liberté de considérer un arbre comme le centre de la terre, une jambe humaine comme une porcelaine, un plus mathématique comme deux traits dans l'espace où je peux y voir une croix en tournant ma caméra dans l'axe à 45°.

Je n'ai donc aucune espèce de domaine de prédilection ou de style, car dans tout les sujets et dans tous les styles je trouve toujours suffisament de matière et suffisament d'esprit. Dans la création photographique je ne pose aucune limite, et à moi-même je ne m'en pose aucune.

Pourquoi fais-tu de la photographie et pourquoi fais-tu de l'art ?

Je pense que je fais de la photographie, en général, parce que je ne peux pas faire tout ce que je surprend en photo et parce que je ne peux pas être tout ce que je prend en photo. Je fais de la photo pour un tas d'autres raisons plus évidentes (curiosité, imagination à nourrir, besoin de matérialiser et transmettre, fétichismes, besoin de contribution et d'utilité sociétale, volonté de mettre en avant certains acteurs ou actions humaines, penchants narratifs ou bien afinités philosophiques, etc) mais ces deux là sont les principales, les plus profondes, les plus complexes à réaliser, à exprimer et à explicititer.

Ce qui me pousse à créer est le goût pour l'infini et l'attrait pour l'infini. Toute action humaine a un nombre fini de possibilités et un nombre fini de finalités. L'art, l'oeuvre d'art, un infini. Un infini de buts, un infini de questionnements, un infini de symboliques, une infini de sentiments, un infini d'interprétations, un infini d'existences, un infini de moyens, un infini de critiques possibles et même un infini de valeurs vénales marchandes tout autant qu'un infini de valeurs qualitatives.

Enfin, j'apprécie une oeuvre d'art qui sait s'échapper, qui permet de s'échapper, qui sait exister librement, qui a ses propres régles dans son univers propre. Une oeuvre qui ne s'impose pas, qui nous laisse la liberté d'être explorée, appreciée, critiquée et d'être aimée ou rejetée. Une oeuvre, plusieurs vies. C'est pour moi l'essence même de la beauté d'une oeuvre d'art, la raison même de son existence. C'est ce que j'essaie de créer, des oeuvres libres qui vivent autant de vies différents d'elles-mêmes par elles-mêmes. Mon rôle là dedans? pas plus que leur donner (une) vie.

N'hésitez surtout pas à prendre contact pour d'autres questions, ou de vous abstenir.

- Merci